Exposition | Commissariat Matilde Dos Santos Christian Bertin Cette foule qui ne sait pas faire foule

Cette foule qui ne sait pas faire foule | Christian Bertin

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L' Habitation est ouverte 365 jours par an. Les expositions se visitent gratuitement de 9h à 18h30.

Infos pratiques

Cette exposition est une introspective

Personnelle, elle dresse un état des lieux de la vie et de l’œuvre de Christian Bertin, ainsi que d’un monde dont il s’efforce de panser les blessures. Intime, on voit l’artiste aborder pour la première fois clairement des influences hindoues… Christian ne marche définitivement pas seul ; il porte en lui des conversations avec Cham, l’homme au discours délirant, la rencontre avec Césaire, règle et compas dans son chemin à travers le monde, Beuys, Kieffer, Kounellis, ses pères et pairs en art, et surtout tant de mémoires…

Difficile à classer, ses œuvres ont trop de références pour être brutes ; proches de l’arte povera, certes, mais avec une perspective très martiniquaise, anthropophages, sûrement, mais encore ? Des accumulations intriquées de métal tordu et de matière organique martyrisée (brûlée, attachée, momifiée…) émergent des récits, qui nous mènent des lakou de Trénelle-Citron à la Bourgogne, du bondié kouli de l’enfance à l’école d’art, de son île minuscule au vaste monde. Il se confronte à son passé, au passé de l’île, au passé de l’art. Chaque création est un acte de résistance et de réinvention : un geste vital qui, des ruines du monde, compose inlassablement un avenir habitable.

L’exposition revisite avec des pièces inédites, 40 ans d’art, abordant questions et motifs récurrents chez Bertin : l’immense désastre humain qu’est l’esclavage, la blessure qui en résulte, la réparation qui ne masque pas la blessure mais qu’il faut soigner en la mettant en évidence, la prédilection pour les matériaux délaissés, ceux du lendemain des libérés de l’esclavage abandonnés à eux-mêmes, l’économie prédatrice où tout ceci s’insère dans un monde globalisé qui n’est qu’un immense marché colonial, et les religiosités ancestrales, une force au quotidien, parlant elles aussi du passé qui permet de rêver le futur.
Matilde dos Santos, commissaire