Visite commentée par la commissaire

Christian Bertin | Cette foule qui ne sait pas faire foule

Activité gratuite, sans réservation

Pour Matilde dos Santos, commissaire de l’exposition, Cette foule qui ne sait pas faire foule est une « introspective » : un voyage intérieur entre mémoire personnelle et histoire collective.

Cette exposition est née d’un souvenir précis : les rituels Bondié-kouli auxquels Christian Bertin participait enfant à Trenelle- Citron.

Il a gardé de l’enfance les gestes de son vocabulaire plastique : récupération, détournement, réutilisation. Et des matériaux pauvres, dont il fouille les mémoires. Ils disent douleur, déchéance, émotion, espoir.
Objets délaissés qu’il collecte, accumule, puis « amoureusement » martyrise — enfouis dans la terre, corrodés par l’acide, mangés par les termites, séchés au soleil.

Ses œuvres naissent de matières blessées : métal tordu, bois brûlé, restes organiques, bandages. Elles inventent un langage de réparation qui ne gomme rien de la blès¹, mais la rend visible, palpable, et l’inscrit poétiquement dans son contexte historique et social.

Matilde dos Santos est historienne et doctorante en Histoire de l’art à l’Université des Antilles. Passionnée de récits de vie, elle travaille sur la mémoire et la transmission dans l’art performance dans la Caraïbe. Depuis 2013, elle travaille comme commissaire indépendante et critique d’art.

1 Simone Henry-Valmore, Dieu en exil, Gallimard, Paris, 1988 – « (les quimboiseurs) se sont toujours réclamés du diagnostic et de la thérapeutique d’une maladie qu’ils disent être de leur seul ressort : «la blesse ». […]. Elle est décrite comme une douleur provoquée par un coup, un effort démesuré, une chute… »