catalogue de l'exposition Antoine Nabajoth Pawòl tras


Antoine Nabajoth
Ce catalogue est publié par la Fondation Clément à l’occasion de l’exposition Pawòl tras d'Antoine Nabajoth à l'Habitation Clément du 25 avril au 15 juin 2025.
Voir la version pdfAntoine Nabajoth peint son environnement immédiat et pose un regard bienveillant sur la Guadeloupe profonde, la vie quotidienne de son quartier d’enfance, les petits métiers traditionnels de proximité : agriculteurs, pêcheurs, commerçants.
« Où brillent-ils plus ces éclats « d’êtres couleurs » que dans la sidération des regards humains, animaliers, oniriques, carnavalesques, inquiétants, de ces êtres hybrides, humains, naturels, et surnaturels à l’instar de ces « Marianne lapofig » ou de ces porteuses de miracles. On ressent bien l’entrelacement de ces regards, comme éblouis par la vision d’une altérité radicale, avec leurs formes, tissus, nattes serrées de touches de couleurs, comme si ces agricultrices se confondaient avec leurs vêtements. Fort longtemps avant les Pawòl-Tras s’imposait cette exigence d’une mise en vibration des couleurs en touches ou en traces qui pointillaient le spectre lumineux de la toile et qui, cependant se mouvaient en elle, comme des brouillards de gouttes d’eau, dessinant par là-même les contours des personnages et des Kaz, non comme des limites, mais comme des bords toujours instables. Une manière d’être peintre, émergeait là, car il se trouvait lui aussi concerné, attrapé par cette mouvance des traits de matières lumineuses qui lui permettait, inlassablement, de s’interroger sur cette manière d’être des hommes, des femmes, des animaux et des choses, en ce monde de la rue cimetière où il vint au monde, en la ville Les Abymes. À travers la Kaz, An ba bwa, les Ti lolo et toutes les autres « choses » qui peuplaient son monde, il découvrait des attracteurs de beauté. Et pourtant il gardait toujours en lui le secret, l’énigme pour lui, d’une forme d’impuissance qu’il assumait comme un impossible, comme si des frontières du visible, ou de l’invisible, l’entravaient. »
Alexandre Alaric